Richard Konan

Expliquez-moi les élections !

Élections à  Ndègan*. Un petit village où les habitants vivent en parfaite harmonie, à tel point que les villages voisins brûlent d’envie de connaître le secret de cette belle cohabitation. Cela dure depuis plusieurs décennies.

Les femmes s’adonnent avec joie aux travaux ménagers quand les hommes labourent les terres en chantant. Ah qu’il fait bon vivre à Ndègan ! L’étranger est si bien accueilli qu’il repart la gorge nouée par l’émotion, car désormais il se considère comme un fils de Ndègan. Il est difficile de partir de cet endroit (qui aurait pu faire office de demeure à Adam et Ève). Au moment où aux alentours de cet Eden des temps modernes l’on s’entre-déchirait, à Ndègan au contraire la paix était une religion.

Ndègan est l’un des rares villages où le chef est élu par la population. Bien que cela puisse paraître curieux, il en a toujours été ainsi car les anciens ont eu pour souci de donner la liberté aux habitants de choisir leur guide. Le vieil homme qui a conduit le navire de Ndègan pendant 10 ans, après de bons et loyaux services, a décidé de troquer la chaise royale contre un hamac. Affaibli par le poids de l’âge, il a préféré attendre sagement son heure afin de rejoindre ses ancêtres pour le repos éternel. Pour lui succéder, deux fils du village ont pris la résolution de partir à la conquête du trône royal.

Le vote trouble la quiétude à Ndègan

Leurs yeux brûlaient de désir. Chacun d’eux tenait coûte que coûte à être le prochain locataire du palais. C’est ainsi que les malheurs de Ndègan ont commencé. Par des paroles au goût de venin, les prétendants au trône ont réussi à transformer les cœurs de leurs concitoyens. Ils y ont semé la graine de la rancœur. Les habitants jadis si pleins d’amour sont devenus des ambassadeurs de la haine. Massés derrière leur candidat, les villageois ne pensaient plus à l’intérêt commun. Chacun se méfiait de celui qui n’avait pas opéré le même choix que lui.

Pour couronner le tout, la campagne électorale fut une véritable foire aux injures et aux menaces. Du jamais vu à Ndègan ! Les notables chargés d’organiser le scrutin ont eu beau rappeler les candidats à l’ordre, rien n’y fit. Quelle tristesse ! Les élections ont eu lieu. Au moment où vous parcourez ces lignes, laissez-moi vous dire que ce beau village attend toujours son nouveau chef. L’un des candidats soutenu par une frange de la population conteste les résultats. Il avait juré qu’il ne reconnaîtrait pas le verdict des urnes, accusant son adversaire de tricherie. Il reproche à la notabilité d’être partisane. Ainsi, la paix, l’entente et l’harmonie sont de lointains souvenirs. La violence a pris possession de ce beau paradis. Est-cela une élection ?

L’argument de la force contre la force de l’argument

Le processus démocratique tant souhaité par les peuples du monde entier fait maintenant peur (surtout en Afrique). Tenez, il y a des pays où à l’approche des élections présidentielles des hommes et des femmes quittent les villes pour se réfugier dans leurs villages d’origine, en prélude à la crise. Expliquez-moi les élections ! Je veux comprendre pourquoi les politiciens utilisent l’argument de la force au lieu de la force des arguments. J’avoue ne pas comprendre que, pour de simples élections, un pays puisse perdre 3000 de ses fils dans une crise armée. Selon le dictionnaire en ligne Wikipédia, une élection est « la désignation par le vote d’électeurs, de représentants (une personne, un groupe, un parti ou une option) destinés à les représenter ou occuper une fonction en leur nom ».

Mais d’où vient-il que des gens perdent la vie juste parce qu’ils veulent choisir un représentant ? Ce qui est à craindre c’est que le scénario de Ndègan puisse se reproduire sous d’autres cieux. Si cette importante étape que constitue l’élection, suscite intérêt et est synonyme de bilan( ou de départ nouveau) dans la vie d’une nation, ailleurs, par exemple en Afrique , elle fait peur. On a l’impression que tous les démons attendent nos années électorales pour déferler sur notre continent, pourtant mère de l’humanité.

Il n’y a qu’à écouter les discours que tiennent les hommes et femmes politiques ! Je veux comprendre. Qu’on m’explique les élections ! Ndègan souffre de la folie de deux individus. En Afrique, des pays déjà minés par la pauvreté et la famine connaissent la traversée du désert et vivent l’enfer pendant les joutes électorales. Je pense que le jour où les uns et les autres comprendront le vrai sens d’une élection c’est l’humanité qui aura fait un important pas en avant, dans sa quête perpétuelle du bonheur.
*Ndègan : palabre en langue locale de Côte d’Ivoire.


A quand remonte ta dernière lecture?

Chers amis comment vous allez ? Aujourd’hui, j’ai envie de partager une réflexion avec vous. Mais permettez que je vous pose une toute petite question: à quand remonte votre dernière lecture ? Peu importe le livre. Je vois que certains font un vrai retour en arrière. Le décor étant planté, let’s go!

Je crois bien que c’est le reggae man Kajeem qui aimait dire ceci: « Tant qu’ il n’y aura pas autant de jeunes dans les bibliothèques que dans les maquis, il sera difficile pour l’Afrique de se développer ». Quelqu’un d’autre affirmait ceci: « Si vous voulez cacher un trésor à un Africain, dissimulez-le dans un livre ». Hum! Trop fort ça! Et pourtant, la lecture ne fait plus trop partie des habitudes de beaucoup de personnes. Lire est devenu une véritable perte de temps pour elles.

Le livre, trop cher pour les Ivoiriens ?

« La lecture agrandit l’âme, et un ami éclairé la console » dixit Voltaire. Quand l’âme va, tout va pour le mieux chez l’homme. Aujourd’hui, nous disposons de plusieurs moyens pour parcourir  les pages d’un livre. Avec l’avancée des Ntic, on n’a plus besoin de « tourner les feuilles ». Les livres (c’est vrai pas tous) sont disponibles via le net. Et le net est disponible sur pratiquement tous les téléphones portables. Vous voyez que tout devient facile non?

« Pourquoi les Ivoiriens ne lisent-ils pas ? » Cette interrogation a suscité un véritable débat tant auprès des littéraires que des professionnels de l’édition. Il y en a qui pointent immédiatement du doigt les prix des livres. Soit. Pour ma part, les livres ne sont ni moins ni trop coûteux. Quand on regarde le bien que cela nous fait, il faut y mettre le prix.

Je ne sais pas pour vous mais, je me sens tellement bien lorsque je finis de « dévorer » un bouquin qui « agrandit » mon âme. Si vous lisez un livre et que vous ne paraissez pas plus instruit à la fin, je suis désolé mais « vous avez mal lu ». Lire nous apporte toujours un petit quelque chose. On peut ne pas être d’accord avec le message véhiculé par l’auteur mais au moins on aura découvert un autre point de vue que le nôtre.

Autre argument avancé: la disponibilité des livres. Mais mon ami, les livres sont dans les librairies. Eh oui! Qu’est ce que tu croyais? Je t’invite donc à t’y rendre pour « nourrir » ton âme. Quand tu veux du pain tu vas bien à la boulangerie non? Et en plus, il y en a pour tous les goûts: policier, romantique, drames, nouvelles, contes…

Avant de vous donner rendez-vous sous le baobab, je vous pose encore cette question: à quand remonte la dernière fois où vous avez lu un livre?