Richard Konan

Les Africains aiment trop « porter des coups » à l’Etat

Je le sais, nous Africains, sommes tous « proud to be African ». Mais reconnaissons que certains de nos frères exagèrent! Pour si peu, ils « portent des coups » aux États. Non mais ce n’est pas possible.

Un président mène tranquillement sa vie; il se sert peinard dans les caisses et non pardon, il profite dans la quiétude de son budget de souveraineté. Il faut toujours que des gens se lèvent pour lui porter un coup. Quelle jalousie!

Ces gars-là viennent un matin et ôtent le pain de la bouche du dirigeant. « Ne faites pas aux autres ce que vous n’aimeriez pas qu’on vous fasse. » Pourquoi vous êtes comme cela même? Si nos dirigeants servent dans nos caisses, pardon (qu’est-ce que j’ai à la fin?), profitent de leurs avantages, n’est-ce pas normal? Et pour cela, des individus, avec la complicité de certains étrangers (où est leur problème?) « portent un coup à l’État ». Pour si peu.

La plupart des pays africains ont connu des « coups portés » contre eux. Un matin, des gens se lèvent, foncent en direction de la télévision nationale (ils ne peuvent pas créer leur propre télé?) et proclament « un coup porté contre l’État ». Il faut que cela cesse. Laissez nos Etats tranquilles! Surtout que les coups, ça fait terriblement mal. Cela dépend de l’endroit où tu le prends. A la tête, tu risques de taper un vertige; au bras, la fracture n’est pas loin. Imaginez que vous recevez un coup au ventre! Le mal remontera dans votre estomac ou peut être ira se loger dans un de ces nombreux organes de cette partie du corps (je vous épargne l’anatomie). Dans tous les cas, un coup ça fait mal.

Un coup porté à l’Etat fait tout aussi mal. Oui bien sûr que croyez-vous? L’Etat ressent les douleurs, les peines et les joies. Tout comme vous et moi. Quand on lui administre un coup, c’est sûr que on lui fait terriblement mal…économiquement, culturellement, sociologiquement, politiquement…


Dans mon pays, on ne chante pas sous la douche…

J’ai grandi avec une liste de superstitions de mon pays. Je vous les partage à travers ces billets. Selon le dictionnaire Larousse, une superstition est  » une croyance fondée sur la crainte ou l’ignorance qui prête un caractère surnaturel ou sacré à certains phénomènes, à certains actes, à certaines paroles ». Et pour tout vous dire, j’en connais une tonne.

Superstitions de mon pays

On ne siffle pas la nuit

On nous l’a toujours dit. C’est surtout lors de mes vacances scolaires au village auprès de mes grands-parents que j’ai mesuré l’ampleur de cette injonction. Des cousins ont subi le courroux du pépé pour avoir siffloter alors que la nuit noire avait revêtu le village de son drap. J’ai ouï dire plus tard que le son que l’on émet en sifflant la nuit attire les serpents. Je n’ai jamais eu envie de vérifier…

Ne chante pas sous la douche

Dans mon pays, la douche n’a rien à voir avec la musique. Alors là pas du tout! Tu te sens un talent de chanteur? Attends de sortir de ta salle de bain. Si tu t’entêtes, un revenant apparaîtra et tu en auras pour ton audace. C’est ce qu’on nous a toujours dit donc…

Évitez de vous faire couper les cheveux…la nuit

Je ne suis malheureusement pas à mesure de vous dire la raison pour laquelle il est interdit de se faire couper les cheveux la nuit. Une chose est sûre, cette interdiction est prise au sérieux dans mon village. Gare à celui qui sera traversé par l’envie de se rendre beau quand la lune pointe dans le ciel!

On ne saute pas les pieds d’une femme enceinte

Ne vous avisez pas à passer par dessus les pieds d’une femme qui porte un bébé. Elle vous demandera dare dare de refaire le même geste mais dans le sens contraire. Il est fort possible que quelqu’un d’autre crie: « Qu’est-ce que tu fais comme cela? Viens sauter son pied encore! »

L’argent ne se donne pas avec la main gauche

Si vous avez le malheur de tendre de l’argent avec la main gauche, je n’ose pas imaginer la surprise, peut-être la colère même, de celui à qui vous tendez le billet ou la pièce. Voulez-vous lui porter malheur? Vite, changez de main.

Le plus intéressant, c’est que personne ne peut dire d’où proviennent toutes ces interdictions. On se contente juste de les respecter.


Ah ces écouteurs!

J’aime bien écouter la musique en me baladant tranquillement dans les rues de mon quartier. Pour ce faire, je fais appel à mes écouteurs. Connectés à mon téléphone portable, ces petits engins magiques me distillent de la bonne zik à l’oreille. Je peux également faire la navette entre les différentes stations radio pour suivre les infos. Par exemple, je peux sauter de Rfi à Bbc en passant par les radios locales. Moi qui croyais adorer les écouteurs, j’ai été surpassé par un monsieur de mon quartier.

Je ne vous dis pas! Ce mec n’est jamais sorti de chez lui sans son casque. « On ne sait même pas ce qu’il écoute! », lancent certains habitants de mon bled qui assurément en ont assez de son idylle entre lui et ses écouteurs. Tenez! Le matin, ce monsieur-là est tout le temps  avec ses écouteurs. A cette heure-ci, l’on se dit qu’il écoute les informations.  Ce cher monsieur change même les modèles d’écouteurs: noirs, rouges, blancs (oui j’ai pris mon temps pour observer), tout y passe. Face à lui, je ne suis qu’un amateur. Cela m’a amené à penser aux dangers liés au port des écouteurs.

Attention! Écouteurs… danger

Un jour, sur le chemin du boulot, j’ai dû interpeller une jeune élève sur son imprudence. Cette jeune apprenante, vêtue de son uniforme bleu et blanc, n’entendait pas les cris d’un homme à vélo (il n’avait pas de klaxon) qui fonçait droit derrière elle. « Ma chérie, quand tu mets tes écouteurs baisse le son de la musique ou libère l’une de tes oreilles », lui ai-je lancé quand elle a retiré ses écouteurs à la vue des passants qui gesticulaient pour attirer son attention. Vous savez ce qu’elle a fait? Eh bien, elle a souri et a remis ses écouteurs à l’oreille. Sans blague!

Le pire c’est qu’elle n’est pas la seule dans ce cas. Ils sont nombreux ces férus de cet accessoire qui se transportent et se transposent dans un autre monde grâce aux écouteurs ou casques. Il y en a qui chantent en pleine rue à tue-tête comme s’ils étaient sous la douche. Ils n’entendent plus rien autour d’eux. J’ai fait un petit tour sur le dictionnaire en ligne Wikipedia.

Selon ce site, « les bruits extérieurs recouvrant parfois le son des écouteurs, les utilisateurs ont tendance à augmenter le volume de façon à toujours entendre le son ce qui peut mener à des lésions de l’oreille ». Toutefois, les écouteurs « mèneraient à un renfermement. Ils isolent plus ou moins des sons extérieurs ce qui peut mettre son utilisateur en danger, particulièrement lors de la conduite d’un véhicule ou la circulation dans des lieux publics, le bruit d’un danger approchant n’étant plus perçu ». En clair, l’écouteur peut nuire à l’être humain et le mettre en danger lorsqu’il est dans la rue.  Et cela peu de gens le savent.

Trop de rues pleine d’écouteurs

Ces petits objets peuvent être sources de problèmes de santé (crédit photo: Clément Delafargue)

Depuis que j’ai compris les risques encourus quand on flanque un écouteur dans ses oreilles, je me suis mis à comptabiliser les gens qui en portent dans les rues.

Le constat est frappant. Quelque soit la commune (Treichville, Marcory, Abobo, Adjamé), les habitants sont nombreux à adorer les écouteurs. La palme revient aux ados. Et ce sont bien eux qui ignorent le plus souvent les dangers. Pour eux, il faut être branché, « swag », « fashion », c’est tout. Chers amis, y’a problème dedans! Faire le malin d’accord mais la santé d’abord. En tout cas moi désormais, je fais très attention. Bon, je vous attend sous le baobab pour d’autres discussions amicales.


Esclave de mes frères

Esclave. Esclave. Ce mot me collera à la peau aussi longtemps que j’effectuerai mon voyage terrestre. Je ne le porte pas fièrement. Honte à moi! Pauvre esclave de mes frères!

 

Mes ancêtres ont porté les marques de l’esclavage dans leur chair. Ils m’ont laissé en souvenir la tristesse et les larmes. Ancêtres miens, qui connaissez les champs de canne à sucre et de coton. Ces braves hommes et femmes ont fait retentir leur belle voix en Amérique. Je me demande si leurs maîtres n’ont pas eu le cœur touché par ces mélodies.

 

Esclave  descendant d’esclave, je le suis! Il paraît que ma couleur de peau est un fardeau que je dois porter durant toute mon existence. L’humanité m’a réduit au rang de simple animal. Il arrive que je sois classé derrière l’espèce animale.

 

Les années sont passées et les choses ont évolué. L’esclave a fini par revêtir des habits d’homme libre. Désormais, pour respirer il n’avait plus besoin de la permission de l’homme blanc. Allez-y dire cela à mes ancêtres! Vous recevrez une tonne d’injures capables de vous faire sentir un moins que rien.

 

Ah la liberté! Parler quand on veut dormir dès que les paupières s’alourdissent, rire sans peur. Jadis enchaînés tels de vulgaires bêtes, l’esclave peut aujourd’hui brandir fièrement ses deux mains, libres de tout lien. Ah la liberté! Je la sens, je la vie, je la communique.

 

Ma liberté a été, hélas, de courte durée. Moi qui croyais que les chaînes s’étaient éloignées de moi à jamais! Oh que non! Ma liberté n’était que provisoire. Le plus triste dans ce retour aux enfers, c’est que je suis le prisonnier de mes…frères. Comme les frères de Joseph, mes frères, après m’avoir pris ma liberté, m’ont vendu. Mes frères ont jugé utile de me reprendre ma liberté.

 

« Dieu fit la liberté, l’homme a fait l’esclavage”, disait  Marie-Joseph Chénier. Ô ces mots ont de la valeur à mes yeux! Le comptoir nègre est réapparu en Libye. Mes frères m’ont humilié. Ils m’ont transformé en un objet. Ils ont fixé mon prix. Mes frères libyens ont imité l’homme blanc. Mes ancêtres ont été réduits à l’esclavage par des étrangers Blancs…et moi par les miens, mes frères blancs. Dire que nous avons la même mère: l’Afrique.

 

J’ai honte d’être exhibé par des Africains en 2017. J’ai honte de ne valoir que quelques billets de banque. Le monde entier semble choqué par ce geste de mes frères libyens. Pure comédie…


La grève des mots

Il y a des jours où je me mets à rêvasser devant l’écran de mon ordinateur. Les mots ont du mal à sortir de ma pensée pour atterrir sur le clavier avant de finir leur course sur l’écran de mon ordinateur.

J’ai une envie de vous laisser quelques lignes afin de donner de mes nouvelles. Et bien évidemment en recevoir les vôtres à travers vos commentaires. Mais mes amis, parfois je me heurte à une page blanche que les mots refusent d’habiter. C’est Grand Corps Malade qui a dit « l’écriture sans âme n’est que lettre ». Je suis d’avis avec lui car les mots sont bien dotés d’une âme. Vous ne croyez pas ? Expliquez-moi alors pourquoi ils  font parfois la grève ?

Je les vois dans mon esprit. Je les sens. Ils communiquent entre eux. Il suffit de leur demander de rejoindre mon clavier pour se rendre compte qu’ils ont vraiment des humeurs. Tenez, une fois je leur enjoins d’élire domicile sur mon écran. Leur réaction m’a laissé froid dans le dos tant elle était glaciale. M’adressant au Bonheur, je lui fais une requête :

 

« Excusez-moi, monsieur, j’ai besoin de vous pour un texte que je suis en train de rédiger. »

 

Et lui de me lancer : « Pourquoi devrais-je vous suivre ? Vous les humains n’avez jamais su ce que je représente. Vous croyez me connaitre mais personne d’entre vous ne me respecte. »

 

Ne m’attendant pas à une telle réplique, j’ai perdu mon latin avant de pouvoir balbutier ces mots : « Vous faites sûrement erreur. Nous les humains passons toute notre vie à vous courir après. Vous êtes l’essence de notre bref passage terrestre. »

Mon clavier ne répond plus…les mots sont en grève (crédit photo: Nemossos)

 

Il a souri puis a disparu. Après cette mésaventure, je me suis heurté plus tard à un refus catégorique de dame Paix. La violence avec laquelle elle m’a évincé me laisse encore un goût amer. Ce personnage d’ordinaire si calme, si paisible et plein d’attention m’a montré un tout autre visage. Je ne le reconnaissais pas du tout.

 

Les mots étaient tout simplement en grève! Je n’en croyais pas mes… doigts! De simples lettres me résistent alors que je veux juste écrire des textes. Et si cela se limitait seulement au Bonheur et à la Paix, je ne tirerais pas la sonnette d’alarme. Mais hélas, ils s’y mettent tous. Les mots avaient résolument décidé de ne pas sortir de mes pensées.

 

Aucune lettre n’avait envie de me satisfaire. J’avais juste besoin de remplir cette page vierge qui piaffait d’impatience sur mon ordinateur. Impatience qui a fini par m’habiter. Au moment où je tordais mon esprit à la recherche de solution à mon problème, j’ai aperçu l’INSPIRATION me faire de grands signes.

 

« Il est inutile de continuer à vouloir nous convaincre. Aucun d’entre nous ne te fera plaisir. Vous les hommes devez apprendre à nous respecter », laissa-t-il entendre.

Finalement, faute de mot, je n’ai pu vous donner de nouvelles fraîches depuis le baobab. Toutes mes sincères excuses.


Les Ivoiriens ont vraiment du mal à dire « au revoir »

Comment allez-vous ? Moi ça va, je suis tranquillement assis sous le baobab.
J’ai reçu récemment deux visiteurs sous les feuilles de mon imposant arbre. Nous avons eu des échanges fructueux, mais au moment de nous séparer, une chose m’a frappée : mes illustres invités m’ont dit « au revoir » trois fois. Cela n’est point gênant, mais le hic c’est qu’après m’avoir dit « au revoir », mes amis étaient toujours assis devant moi !

« Bon, au revoir. On va te laisser. C’est avec plaisir que nous avons échangé avec toi. » Cinq minutes plus tard, mes interlocuteurs étaient toujours en face de moi. Mieux, ils avaient abordé un autre sujet. Nous voilà repartis pour une causerie de près de 45 minutes.

C’est comme cela en Côte d’Ivoire.

Quand on était gamins, nos parents raccompagnaient les visiteurs à la porte d’entrée (le plus souvent les pères). Et là, nos géniteurs passaient pratiquement autant de temps sur le palier devant la porte que lors de la visite à la maison. Par exemple, si papa et ses invités avaient discuté dans le salon pendant une heure, il allait encore rester avec eux, debout devant la porte, pendant au moins trente minutes ! C’est comme si se dire « au revoir » était une fatalité à retarder le plus possible.

Je n’ose même pas évoquer nos mamans, avec elles se séparer est vraiment douloureux.

Les Ivoiriennes sont plus inspirées au moment de l’adieu. C’est là que les vrais sujets de conversation surgissent. Éclairées, elles vont te sortir des « affairages » (entendez par là les commérages dernier cri). Malheur à l’enfant qui les accompagne ! Il va se ronger les ongles tellement le temps est long. Parfois, on lui achète dare-dare un biscuit pour l’occuper (dans ce cas, il est bien chanceux).

« Ma chérie, je vais partir comme mon mari doit revenir du travail tout à l’heure-là, je vais aller mettre la sauce au feu. »

« Ok, ma copine. Mais tu sais que ma voisine a une nouvelle voiture ? »

« Ah bon? Où elle gagne l’argent pour acheter voiture même ? »

« Je ne sais même pas ! »

Quinze minutes plus tard, celle qui devait aller faire la cuisine pour son époux est encore arrêtée en pleine rue en train de discuter. C’est vraiment un supplice de se dire « au revoir » dans mon pays. Je crois que cela démontre à quel point les Ivoiriens sont attachés les uns aux autres. Ou bien ?

En tout cas, je n’ai pas de mal à vous dire « bye bye » ! Ce n’est pas  que je n’aime pas votre compagnie, mais plutôt que je ne veux pas faire comme la dame en question.


Et si vous me rendiez ma monnaie?

Affaire de monnaie ! La semaine dernière, j’avais un petit bobo (rassurez-vous je vais mieux sinon ce billet n’aurait pas vu le jour). Après un tour chez le toubib (c’est comme cela qu’on dit non?), je fonce à la pharmacie, ordonnance en main. La jeune fille au comptoir (bon c’est une belle demoiselle je le reconnais) me fait un large sourire dès que j’entre dans l’officine. Elle est d’ailleurs la première à me lancer le bonsoir.

“Bonsoir, monsieur. Que puis-je faire pour vous? », me lance-t-elle toujours souriante (véritable technique d’approche, vous l’aurez remarqué).

Une affaire de monnaie entre une caissière et moi

Je lui tends mon petit bout de papier contenant la liste des médicaments censés me redonner la santé. Toujours avec un large sourire (ça devient énervant je sais), elle se dirige vers les rayons. En moins de 5 minutes, ma très souriante vendeuse en pharmacie revient avec les médicaments.

La pharmacie et la monnaie, un casse-tête (crédit photo: Max Braun)

“Monsieur, veuillez vous rendre à la caisse, s’il vous plait”, me dit la jeune dame.

Désireux de vite quitter les lieux (non pas pour fuir le sourire de la dame-là hein), mes pas me conduisent vers la caisse. Une fois là bas, il y’a une chose qui attire mon attention: le sourire (eh oui) de la caissière. Celle-ci entre en communication directe avec une machine posée devant elle. Ses doigts caressent le clavier, des chiffres naissent sur l’écran. Ces fameux chiffres ont beaucoup d’importance à mes yeux. Normal non? Ma poche en souffrira.

“Ça fait 1… monsieur”, me dit la dame assise derrière la machine. Je lui remets l’argent. Pour sa part, elle vérifie le billet, le garde soigneusement dans son tiroir et me donne ma monnaie. Mais, il y a quelque chose qui ne va pas. Ma monnaie n’est pas exacte. Il manque environ 50 francs CFA. Je l’ai su après avoir jeté un coup d’œil sur le reçu. Je reste debout devant elle. Pensant que j’étais parti (aussi facilement?), la caissière s’attend à un autre client.

“Madame, ma monnaie n’est pas complète”, ai-je précisé.

“Oui oui, il n’y a pas de jeton.”

“On fait comment alors?”

“Ahii, il n’y a pas de monnaie monsieur”, lance la caissière qui, du coup, a  perdu son sourire.

Ces pièces de monnaies créent bien souvent des malentendus entre clients et vendeurs (crédit photo: Richard Konan)

À qui la faute ?

“ Vous me l’avez dit. J’aurais aimé que vous me le signaliez avant de me servir. Peut être que mon argent est calculé (c’est comme cela qu’on parle quand son argent est tout juste pour les dépenses). Elle n’a prononcé aucun mot. Mon interlocutrice paraissait surprise. Elle devait se dire intérieurement: « ce monsieur fait tout ce tapage pour 50 francs… » Imaginez un instant combien de clients sont forcés à laisser un pourboire. Un bon pactole!

Ce qui me fâche dans cette histoire c’est l’institutionnalisation de cette pratique. Vous laissez aisément 50 francs, 25 francs ou 50 francs à la pharmacie mais aussi dans les supermarchés. Une fois dans un marché « très super », la caissière m’a rendu ma monnaie avec des bonbons que je n’avais nullement inclus dans mes articles. Elle pourrait au moins demander mon avis non? A moins qu’elle ait eu envie de me livrer à la carie dentaire.

Je suis d’accord avec vos jolis sourires et vos marques d’attentions mai j’ai aussi besoin de ma monnaie. Et cela n’est pas si compliqué à comprendre.


THOMAS SANKARA nous parle!

Cela fait 30 ans que le capitaine Thomas Sankara a été assassiné alors qu’il était en pleine réunion avec le Conseil national de révolution. L’ex président du Burkina Faso continue de marquer la mémoire collective. Je vous propose ici des citations du « révolutionnaire ».

« La maladie ne se guérit point en prononçant le nom du médicament, mais en prenant le médicament. »

« Sache que le corps grossier est pour toi ce que la maison est pour le locataire. »

« Nous ne pouvons laisser à nos seuls ennemis d’hier et d’aujourd’hui le monopole de la pensée, de l’imagination et  de la créativité ! »

« L’on devient ce que l’on connaît. »

« Le système néocolonial tremble quand le peuple devenu maître de sa destinée veut rendre sa justice ! »

Le capitaine Sankara croyait en  l’Afrique (crédit photo: Blood on the Leaves)

 

 

« Le plus important, je crois, c’est d’avoir amené le peuple à avoir confiance en lui-même, à comprendre que, finalement,  il peut s’asseoir et écrire son développement ; il peut s’asseoir et écrire son bonheur ; il peut dire ce qu’il désire. Et en même temps, sentir quel est le prix à payer pour ce bonheur. »

« La plus grande difficulté rencontrée est constituée par l’esprit de néo-colonisé qu’il y a dans ce pays. Nous avons été colonisés par un pays, la France, qui nous a donné certaines habitudes. Et pour nous, réussir dans la vie, avoir le bonheur, c’est essayer de vivre comme en France, comme le plus riche des Français. Si bien que les transformations que nous voulons opérer rencontrent des obstacles, des freins. »

« L’esprit de liberté, de dignité, de compter sur ses propres forces, d’indépendance et de lutte anti-impérialiste […] doit souffler du Nord au Sud, du Sud au Nord et franchir allègrement les frontières. D’autant plus que les peuples africains pâtissent des mêmes misères, nourrissent les mêmes sentiments, rêvent des mêmes lendemains meilleurs. »


J’ai rêvé de mon chauffeur de taxi

J’ai rêvé d’un chauffeur. Je suis un habitué des taxis communaux appelés « woro-woro ». Nous sommes d’ailleurs très nombreux à emprunter ces véhicules à Abidjan. En attendant que nous ayons nos propres voitures…

Il est vrai que l’état des taxis communaux attire l’attention des passagers, mais la vraie star dans cette histoire,  c’est le chauffeur de woro-woro.

Pour ce conducteur, le passager n’a de valeur que quand il n’a pas encore embarqué dans l’auto. A peine prenez-vous place dans son tacot que vous n’avez plus droit à aucun « traitement de faveur ». Il naît une sorte de rivalité entre lui et vous. C’est à croire qu’il a une dent contre vous (bon, j’exagère un peu hein).

Une chose est sûre, l’intérêt du conducteur pour le voyageur diminue au fur et à mesure du trajet. Curieusement, au moment d’encaisser les frais de transport, l’automobiliste retrouve sa sympathie. Le pouvoir de l’argent…

Il m’arrive bien souvent de rêver du chauffeur modèle, mon chauffeur de « woro-woro » à moi.

crédit photo: Richard Konan

Le chauffeur de mes rêves

Mon chauffeur de taxi idéal : à peine le hèle-je (je sais, vous ne vous attendiez pas à cette tournure, mais oui, j’ai bien un certain niveau en langue) qu’il immobilise son véhicule devant moi. Sourire aux lèvres, « mon » chauffeur me demande ma destination. Ce conducteur de mes rêves attend que je sois bien installé dans le véhicule avant de reprendre la route. Tenez-vous bien, quand il lui arrive de prendre trop de vitesse et que je me plains, « mon » chauffeur s’excuse immédiatement.

Le machiniste que je vois dans mon sommeil ne met jamais la musique à fond dans son taxi. Il sait trouver le juste milieu pour pouvoir l’écouter sans pour autant m’importuner. Je me sens tellement bien dans son taxi !

Un chauffeur pas comme les autres 

Ce chauffeur-là n’est vraiment pas comme les autres. Pour preuve, il ne me lance jamais au visage : « monte avec la monnaie hein ! » D’abord, il me vouvoie. Ensuite, quand je n’ai pas la monnaie, ce gentil monsieur me parle poliment et nous trouvons toujours un terrain d’entente. Ce qui me fascine chez lui c’est sa bonne humeur et son envie de servir ses clients. C’est un type bien qui se donne corps et âme dans l’exercice de sa profession. Vous ne le verrez jamais se disputer avec un passager. Ah là pas du tout ! Il a une parfaite maîtrise de soi face à toute situation.

Un ami (sans doute jaloux) me dit qu’il n’y a aucun risque qu’un jour le « chauffeur de mes rêves » passe la frontière de la réalité. Mon ami pense que je me fais trop d’illusions. Quoi vous le croyez aussi ?

Bien noté ! Vous pouvez être sûrs d’une chose dans ce cas, quand je rencontrerai « mon » chauffeur au coin d’une rue abidjanaise, ne comptez pas sur moi pour vous garder une place.


Solitude mon ami

Chers amis, je vous salue. L’ombrage de mon baobab me fait tellement de bien en ce début de semaine. Si je publie ces quelques lignes, c’est juste pour vous parler d’un ami qui est cher à mon cœur. Il s’appelle SOLITUDE.

SOLITUDE est mon meilleur ami. Je le connais si bien que je peux te le décrire les yeux fermés. Vous ne le connaissez pas ? Regardez auprès de moi, ne le voyez-vous pas ? C’est vrai, lui et moi nous nous confondons tellement que nous différencier est un vrai supplice ou un casse-tête chinois. Bien sûr que j’ai d’autres amis. J’en ai même autant que vous ne pourriez l’imaginer.

Mais SOLITUDE est le meilleur d’entre eux. Croyez-moi, il est là quand j’ai besoin d’une épaule pour pleurer. Il est encore là quand je cherche un confident. Il est toujours présent quand je suis malheureux ou quand j’ai besoin d’un compagnon de jeu.

Avec lui, je ne suis jamais seul. Dans la chaleur de la nuit, lui et moi discutons de la vie et de ses déceptions. Il sait tout de moi et ne me cache rien le concernant. Savez-vous pourquoi je le préfère aux autres amis ? SOLITUDE n’est ni hypocrite ni profiteur. Son amitié est pure. Je crois que SOLITUDE et moi resterons amis encore longtemps.

Ces lignes je les dédie à tous les solitaires qui ne sont pourtant pas seuls. A tous ceux comme moi qui ont SOLITUDE pour ami.