Richard Konan

Les Ivoiriens ont vraiment du mal à dire « au revoir »

Comment allez-vous ? Moi ça va, je suis tranquillement assis sous le baobab.
J’ai reçu récemment deux visiteurs sous les feuilles de mon imposant arbre. Nous avons eu des échanges fructueux, mais au moment de nous séparer, une chose m’a frappée : mes illustres invités m’ont dit « au revoir » trois fois. Cela n’est point gênant, mais le hic c’est qu’après m’avoir dit « au revoir », mes amis étaient toujours assis devant moi !

« Bon, au revoir. On va te laisser. C’est avec plaisir que nous avons échangé avec toi. » Cinq minutes plus tard, mes interlocuteurs étaient toujours en face de moi. Mieux, ils avaient abordé un autre sujet. Nous voilà repartis pour une causerie de près de 45 minutes.

C’est comme cela en Côte d’Ivoire.

Quand on était gamins, nos parents raccompagnaient les visiteurs à la porte d’entrée (le plus souvent les pères). Et là, nos géniteurs passaient pratiquement autant de temps sur le palier devant la porte que lors de la visite à la maison. Par exemple, si papa et ses invités avaient discuté dans le salon pendant une heure, il allait encore rester avec eux, debout devant la porte, pendant au moins trente minutes ! C’est comme si se dire « au revoir » était une fatalité à retarder le plus possible.

Je n’ose même pas évoquer nos mamans, avec elles se séparer est vraiment douloureux.

Les Ivoiriennes sont plus inspirées au moment de l’adieu. C’est là que les vrais sujets de conversation surgissent. Éclairées, elles vont te sortir des « affairages » (entendez par là les commérages dernier cri). Malheur à l’enfant qui les accompagne ! Il va se ronger les ongles tellement le temps est long. Parfois, on lui achète dare-dare un biscuit pour l’occuper (dans ce cas, il est bien chanceux).

« Ma chérie, je vais partir comme mon mari doit revenir du travail tout à l’heure-là, je vais aller mettre la sauce au feu. »

« Ok, ma copine. Mais tu sais que ma voisine a une nouvelle voiture ? »

« Ah bon? Où elle gagne l’argent pour acheter voiture même ? »

« Je ne sais même pas ! »

Quinze minutes plus tard, celle qui devait aller faire la cuisine pour son époux est encore arrêtée en pleine rue en train de discuter. C’est vraiment un supplice de se dire « au revoir » dans mon pays. Je crois que cela démontre à quel point les Ivoiriens sont attachés les uns aux autres. Ou bien ?

En tout cas, je n’ai pas de mal à vous dire « bye bye » ! Ce n’est pas  que je n’aime pas votre compagnie, mais plutôt que je ne veux pas faire comme la dame en question.


Et si vous me rendiez ma monnaie?

Affaire de monnaie ! La semaine dernière, j’avais un petit bobo (rassurez-vous je vais mieux sinon ce billet n’aurait pas vu le jour). Après un tour chez le toubib (c’est comme cela qu’on dit non?), je fonce à la pharmacie, ordonnance en main. La jeune fille au comptoir (bon c’est une belle demoiselle je le reconnais) me fait un large sourire dès que j’entre dans l’officine. Elle est d’ailleurs la première à me lancer le bonsoir.

“Bonsoir, monsieur. Que puis-je faire pour vous? », me lance-t-elle toujours souriante (véritable technique d’approche, vous l’aurez remarqué).

Une affaire de monnaie entre une caissière et moi

Je lui tends mon petit bout de papier contenant la liste des médicaments censés me redonner la santé. Toujours avec un large sourire (ça devient énervant je sais), elle se dirige vers les rayons. En moins de 5 minutes, ma très souriante vendeuse en pharmacie revient avec les médicaments.

La pharmacie et la monnaie, un casse-tête (crédit photo: Max Braun)

“Monsieur, veuillez vous rendre à la caisse, s’il vous plait”, me dit la jeune dame.

Désireux de vite quitter les lieux (non pas pour fuir le sourire de la dame-là hein), mes pas me conduisent vers la caisse. Une fois là bas, il y’a une chose qui attire mon attention: le sourire (eh oui) de la caissière. Celle-ci entre en communication directe avec une machine posée devant elle. Ses doigts caressent le clavier, des chiffres naissent sur l’écran. Ces fameux chiffres ont beaucoup d’importance à mes yeux. Normal non? Ma poche en souffrira.

“Ça fait 1… monsieur”, me dit la dame assise derrière la machine. Je lui remets l’argent. Pour sa part, elle vérifie le billet, le garde soigneusement dans son tiroir et me donne ma monnaie. Mais, il y a quelque chose qui ne va pas. Ma monnaie n’est pas exacte. Il manque environ 50 francs CFA. Je l’ai su après avoir jeté un coup d’œil sur le reçu. Je reste debout devant elle. Pensant que j’étais parti (aussi facilement?), la caissière s’attend à un autre client.

“Madame, ma monnaie n’est pas complète”, ai-je précisé.

“Oui oui, il n’y a pas de jeton.”

“On fait comment alors?”

“Ahii, il n’y a pas de monnaie monsieur”, lance la caissière qui, du coup, a  perdu son sourire.

Ces pièces de monnaies créent bien souvent des malentendus entre clients et vendeurs (crédit photo: Richard Konan)

À qui la faute ?

“ Vous me l’avez dit. J’aurais aimé que vous me le signaliez avant de me servir. Peut être que mon argent est calculé (c’est comme cela qu’on parle quand son argent est tout juste pour les dépenses). Elle n’a prononcé aucun mot. Mon interlocutrice paraissait surprise. Elle devait se dire intérieurement: « ce monsieur fait tout ce tapage pour 50 francs… » Imaginez un instant combien de clients sont forcés à laisser un pourboire. Un bon pactole!

Ce qui me fâche dans cette histoire c’est l’institutionnalisation de cette pratique. Vous laissez aisément 50 francs, 25 francs ou 50 francs à la pharmacie mais aussi dans les supermarchés. Une fois dans un marché « très super », la caissière m’a rendu ma monnaie avec des bonbons que je n’avais nullement inclus dans mes articles. Elle pourrait au moins demander mon avis non? A moins qu’elle ait eu envie de me livrer à la carie dentaire.

Je suis d’accord avec vos jolis sourires et vos marques d’attentions mai j’ai aussi besoin de ma monnaie. Et cela n’est pas si compliqué à comprendre.


THOMAS SANKARA nous parle!

Cela fait 30 ans que le capitaine Thomas Sankara a été assassiné alors qu’il était en pleine réunion avec le Conseil national de révolution. L’ex président du Burkina Faso continue de marquer la mémoire collective. Je vous propose ici des citations du « révolutionnaire ».

« La maladie ne se guérit point en prononçant le nom du médicament, mais en prenant le médicament. »

« Sache que le corps grossier est pour toi ce que la maison est pour le locataire. »

« Nous ne pouvons laisser à nos seuls ennemis d’hier et d’aujourd’hui le monopole de la pensée, de l’imagination et  de la créativité ! »

« L’on devient ce que l’on connaît. »

« Le système néocolonial tremble quand le peuple devenu maître de sa destinée veut rendre sa justice ! »

Le capitaine Sankara croyait en  l’Afrique (crédit photo: Blood on the Leaves)

 

 

« Le plus important, je crois, c’est d’avoir amené le peuple à avoir confiance en lui-même, à comprendre que, finalement,  il peut s’asseoir et écrire son développement ; il peut s’asseoir et écrire son bonheur ; il peut dire ce qu’il désire. Et en même temps, sentir quel est le prix à payer pour ce bonheur. »

« La plus grande difficulté rencontrée est constituée par l’esprit de néo-colonisé qu’il y a dans ce pays. Nous avons été colonisés par un pays, la France, qui nous a donné certaines habitudes. Et pour nous, réussir dans la vie, avoir le bonheur, c’est essayer de vivre comme en France, comme le plus riche des Français. Si bien que les transformations que nous voulons opérer rencontrent des obstacles, des freins. »

« L’esprit de liberté, de dignité, de compter sur ses propres forces, d’indépendance et de lutte anti-impérialiste […] doit souffler du Nord au Sud, du Sud au Nord et franchir allègrement les frontières. D’autant plus que les peuples africains pâtissent des mêmes misères, nourrissent les mêmes sentiments, rêvent des mêmes lendemains meilleurs. »


J’ai rêvé de mon chauffeur de taxi

J’ai rêvé d’un chauffeur. Je suis un habitué des taxis communaux appelés « woro-woro ». Nous sommes d’ailleurs très nombreux à emprunter ces véhicules à Abidjan. En attendant que nous ayons nos propres voitures…

Il est vrai que l’état des taxis communaux attire l’attention des passagers, mais la vraie star dans cette histoire,  c’est le chauffeur de woro-woro.

Pour ce conducteur, le passager n’a de valeur que quand il n’a pas encore embarqué dans l’auto. A peine prenez-vous place dans son tacot que vous n’avez plus droit à aucun « traitement de faveur ». Il naît une sorte de rivalité entre lui et vous. C’est à croire qu’il a une dent contre vous (bon, j’exagère un peu hein).

Une chose est sûre, l’intérêt du conducteur pour le voyageur diminue au fur et à mesure du trajet. Curieusement, au moment d’encaisser les frais de transport, l’automobiliste retrouve sa sympathie. Le pouvoir de l’argent…

Il m’arrive bien souvent de rêver du chauffeur modèle, mon chauffeur de « woro-woro » à moi.

crédit photo: Richard Konan

Le chauffeur de mes rêves

Mon chauffeur de taxi idéal : à peine le hèle-je (je sais, vous ne vous attendiez pas à cette tournure, mais oui, j’ai bien un certain niveau en langue) qu’il immobilise son véhicule devant moi. Sourire aux lèvres, « mon » chauffeur me demande ma destination. Ce conducteur de mes rêves attend que je sois bien installé dans le véhicule avant de reprendre la route. Tenez-vous bien, quand il lui arrive de prendre trop de vitesse et que je me plains, « mon » chauffeur s’excuse immédiatement.

Le machiniste que je vois dans mon sommeil ne met jamais la musique à fond dans son taxi. Il sait trouver le juste milieu pour pouvoir l’écouter sans pour autant m’importuner. Je me sens tellement bien dans son taxi !

Un chauffeur pas comme les autres 

Ce chauffeur-là n’est vraiment pas comme les autres. Pour preuve, il ne me lance jamais au visage : « monte avec la monnaie hein ! » D’abord, il me vouvoie. Ensuite, quand je n’ai pas la monnaie, ce gentil monsieur me parle poliment et nous trouvons toujours un terrain d’entente. Ce qui me fascine chez lui c’est sa bonne humeur et son envie de servir ses clients. C’est un type bien qui se donne corps et âme dans l’exercice de sa profession. Vous ne le verrez jamais se disputer avec un passager. Ah là pas du tout ! Il a une parfaite maîtrise de soi face à toute situation.

Un ami (sans doute jaloux) me dit qu’il n’y a aucun risque qu’un jour le « chauffeur de mes rêves » passe la frontière de la réalité. Mon ami pense que je me fais trop d’illusions. Quoi vous le croyez aussi ?

Bien noté ! Vous pouvez être sûrs d’une chose dans ce cas, quand je rencontrerai « mon » chauffeur au coin d’une rue abidjanaise, ne comptez pas sur moi pour vous garder une place.


Solitude mon ami

Chers amis, je vous salue. L’ombrage de mon baobab me fait tellement de bien en ce début de semaine. Si je publie ces quelques lignes, c’est juste pour vous parler d’un ami qui est cher à mon cœur. Il s’appelle SOLITUDE.

SOLITUDE est mon meilleur ami. Je le connais si bien que je peux te le décrire les yeux fermés. Vous ne le connaissez pas ? Regardez auprès de moi, ne le voyez-vous pas ? C’est vrai, lui et moi nous nous confondons tellement que nous différencier est un vrai supplice ou un casse-tête chinois. Bien sûr que j’ai d’autres amis. J’en ai même autant que vous ne pourriez l’imaginer.

Mais SOLITUDE est le meilleur d’entre eux. Croyez-moi, il est là quand j’ai besoin d’une épaule pour pleurer. Il est encore là quand je cherche un confident. Il est toujours présent quand je suis malheureux ou quand j’ai besoin d’un compagnon de jeu.

Avec lui, je ne suis jamais seul. Dans la chaleur de la nuit, lui et moi discutons de la vie et de ses déceptions. Il sait tout de moi et ne me cache rien le concernant. Savez-vous pourquoi je le préfère aux autres amis ? SOLITUDE n’est ni hypocrite ni profiteur. Son amitié est pure. Je crois que SOLITUDE et moi resterons amis encore longtemps.

Ces lignes je les dédie à tous les solitaires qui ne sont pourtant pas seuls. A tous ceux comme moi qui ont SOLITUDE pour ami.


Ce reggae que j’aime !

Salut chers amis ! Il fait bon vivre sous le baobab. Je m’y sens tellement bien. Assis tranquillement, j’attendais un ami avec lequel je devais partager une bonne tasse de thé. Et voilà que d’un coup, j’ai eu envie de vous faire partager l’une de mes passions : le reggae. Eh oui ! J’adore cette musique. Mais, chers amis, je n’adore pas n’importe quel reggae.

Le reggae que j’aime s’apparente à celui d’Alpha Blondy ; ce reggae très proche des populations tant dans les paroles que dans la musique. Ce grand monsieur de notre culture a montré aux yeux de tous qu’on peut faire du reggae dans une langue autre que l’anglais ou encore le français. Notre jagger national est à respecter.

Reggae music is power !

Le reggae que je kiffe est semblable à celui de Kajeem. Il a des textes intelligents et est accessible même dans les ghettos les plus reculés. Il véhicule un message. Son message est dans la musique et sa musique est dans le message.

Mon reggae est contestataire comme celui de Bob Marley, Peter Tosh ou de Spyrow. Quand je l’écoute, je me rends compte des difficultés que traverse mon peuple. Il me fait vibrer et sautiller sait rendre gloire à Jah tel celui de Naftaly, I Jah Man, Goody Brown.

Je vous assure que j’aime danser au son de Larry Cheick, car il me replonge dans l’ambiance festive de Treichville. Quand j’écoute le reggae de Général Tchefary, je me rends compte que le ghetto a encore des porte-flambeaux.

Je n’aime pas du tout cette musique sans vie et sans saveur qui n’apporte rien à l’humanité. Bien sûr, il existe des chanteurs qui s’y adonnent (Dieu sait s’ils sont nombreux). Je déteste quand il ne prêche pas l’Amour, la Paix et l’Unité. Je déteste ce reggae dont le message principal est le sexe, la violence ou la drogue.

« Vivre est une chanson… »

Par contre, je suis fan de ce reggae qui m’enseigne que « Vivre est une chanson » et que « Demain est un autre jour dans le royaume de Jah ». La musique reggae qui me rappelle chaque fois que « Je viens de Sion » et « J’ai la peau d’ébène » me fascine. Faites-moi déguster ce reggae qui chante l’amour véritable que l’on retrouve dans les chansons de Gregory Isaac ou Eric Donaldson.

Parle-moi de la vibe’s d’Ismaël Isaac et je te dirai que tu viens d’égayer mon cœur. Je le préfère aux rythmes musicaux préfabriqués en studio sans l’âme du live.

Ce reggae que j’aime n’est point hypocrite. Bien au contraire, « Truth is an offense and not a sin », disait Bob Marley dans sa chanson Jah Live. En clair, la vérité ne fait pas de mal, ou si tu veux, elle est une offense et non un péché. Mieux encore, elle rougit les yeux mais ne les casse pas.

J’aime le reggae, mais pas n’importe lequel. Ah ça non ! La musique est un esprit ; quand elle est mal faite, elle devient un démon. Je n’ai pas envie d’être possédé alors je n’écoute pas le premier reggaeman venu.

Sous le baobab, j’écoute la reggaemusic qui me rapproche de l’Afrique. Pour cela, je tends mes oreilles pour mieux percevoir le son du groupe Culture.

Je vous invite à aimer le reggae, mais pas celui qui apporte désolation et tristesse.

A bientôt sous le baobab !


« Quand j’aurai ma voiture… « 

Quand j’aurai ma voiture, beaucoup de choses vont changer. Bon, c’est clair je ne vais plus avaler les kilomètres à pied et me faire bousculer par des piétons bien trop pressés. Mais à part cela, (je l’ai déjà dit) beaucoup de choses changeront.

Imaginez-vous, je ne serai plus obligé de passer près d’une heure sur le trottoir à attendre un taxi qui voudra me déposer à la gare même si je n’ai pas de monnaie. Ma voiture m’évitera d’entendre tous les matins cette fameuse phrase: « Montez avec la monnaie hein, je n’ai pas envie de bavarder. » Cette mise en garde sort tout droit de la bouche du conducteur de « woro-woro* ».

Ma voiture m’évitera de subir des causeries téléphoniques dont le but inavoué est de me pousser à bout ou de me faire mal débuter la journée. Tenez-vous bien, souvent les deux personnes au bout du fil n’ont rien à se dire. « Tu as mangé quoi hier ? Hum, et tu ne m’as pas invité. » J’apprends plus tard que la personne avec laquelle bavarde mon voisin de taxi est à… Yamoussoukro. A quoi aurait donc servi l’invitation ? Quand j’aurai ma voiture, je ne subirai plus tout ça.

De plus, ma voiture me permettra d’écouter la musique que je veux. Plus jamais un chauffeur de taxi ou de « gbaka* » ne me torturera avec une musique dont lui seul connaît la provenance. Quand j’aurai ma « caisse », je pourrai tranquillement en descendre après avoir bien stationné. Désormais, aucun taxi ne redémarrera alors que j’ai toujours une jambe dans la voiture. Tout ça ne sera qu’un triste souvenir.

 

Mais pour l’heure, je n’ai pas encore MA voiture donc je me hâte de préparer la monnaie pour emprunter rapidement un taxi.

* woro-woro : véhicule assurant le transport en commun dans une commune

* gbaka : minicar de transport reliant des communes


Et les hommes créaient le selfie… pour se déformer le visage!

Comment vous portez-vous chers amis? De mon côté, tout va pour le mieux sous le baobab. Mais dites que les hommes sont férus de selfie!

Le samedi dernier, j’ai voulu profiter du weekend en sirotant un bon café sous les feuilles fraîches du baobab quand ma quiétude a été troublée par des visiteurs. Ceux-ci fascinés par mon arbre fétiche ont décidé de venir y faire des photos. Moi qui croyais que ses admirateurs allaient se regrouper pour nous sortir une belle photo je me suis planté! Eh oui! Chacun d’eux a brandi son appareil et l’a pointé en sa direction. Flash! Mais quelque chose chose m’a frappé au moment où ils se prenaient en photo: leurs visages avaient le même aspect.

Affaires de selfie!

Si je m’en tiens à l’encyclopédie en ligne Wikipédia, le selfie peut être appelé autoportrait photographique. En général, on le réalise grâce à un appareil photo numérique, un téléphone mobile ou une webcam. Si vous voulez, le « photographié » est le photographe. En principe, le but du selfie n’est pas de garder la photo dans l’appareil qui a servi à la réaliser mais plutôt à la partager sur les réseaux sociaux. Tout ceci pour dire « voilà moi dans un bar ou au concert de tel artiste », histoire de faire le malin. Pour l’origine, Wikipédia nous apprend que le selfie a vu le jour dès le début du XXè siècle. A cette époque-là, les gens utilisaient les appareils photographiques Brownie en s’aidant de miroir et en stabilisant « l’appareil photo en le posant sur un objet à proximité ».

Le selfie et le visage

Là où ce phénomène m’inquiète, c’est quand j’observe les visages des gens qui s’offrent un selfie. Ils allongent la bouche (surtout les filles); écarquillent les yeux (ils sont souvent l’air étonné). Je n’ai jamais compris pourquoi. Un ami à moi à force de forcer (remarquez le jeu de mots) a commencé à avoir un autre aspect. A le regarder, on a l’impression que quelque chose le surprend. Que non! C’est l’effet selfie. Ses yeux ont l’impression de vouloir sortir de leurs orbites tellement il les écarquillent. Que dire de la bouche de mon amie à qui je tiens beaucoup? La belle bouche de cette dernière a fini par ressembler à celle d’un…poisson. Elle est tout le temps en train de se prendre en photo. Résultat: son visage se déforme. Dommage. C’est comme si tous les amoureux du selfie s’étaient passés le mot. On tire la bouche, on gonfle les joues, on ouvre grand les yeux et flash! c’est dans la boite. Résultat: on se ressemble quasiment (surtout les filles).

Et pourtant, le selfie est dangereux

J’ai lu quelque part que le selfie peut être dangereux quand on appuie un peu trop sur le champignon. En voici quelques extraits: « La « selfie dépendance » prend de l’importance lorsqu’elle se trouve en contact des réseaux sociaux. Beaucoup de jeunes publient leurs photos directement sur leurs profils Facebook, Instagram, Twitter. Ces clichés, exposés aux yeux de tous, font souvent l’objet de commentaires négatifs qui peuvent se profiler vers du harcèlement moral »(in branchez-vous.com). Non seulement le selfie défigure les visages mais nous crée des problèmes d’ordre psychologique! Je pense que désormais il faut réfléchir par deux fois avant de faire des selfies à n’en point finir. Souriez! Clic!


Jeux de la Francophonie… say what?

Les VIIIèmes Jeux de la Francophonie se déroulent actuellement en terre ivoirienne. Le spectacle s’est ouvert depuis le 21 juillet et le rideau tombera le 30 juillet 2017. « Actuellement on parle français », dit un gars de mon quartier.

Mais attention! Ce n’est pas tout le monde qui « parle français » actuellement. Un tour sur les réseaux sociaux nous montre que les Jeux de la Francophonie ne font pas plaisir à tous les Ivoiriens. Il y en a qui estiment que la vie est assez dure pour « gaspiller » de l’argent dans des jeux. Tenez-vous bien! Il y a aussi ceux qui réussissent la prouesse de transposer le débat politique dans l’arène des Jeux de la Francophonie. Ces experts en politique ne se sentent pas concernés par ces festivités culturelles et sportives. Quand vous leur dites « Francophonie », ils vous répondent « Say what? ».

Si vous souhaitez échanger avec eux dans la langue de Molière, repassez le 31 juillet. Du coup, ils ne parlent plus français, du moins jusqu’au 30 juillet. Sinon, pour l’heure, « say what? ». Les Jeux de la Francophonie seraient, à les écouter, une autre forme de colonisation, un instrument à l’aide duquel la France garderait un œil jaloux sur ses anciennes colonies. Ne tentez pas de leur faire entendre raison. Le ballon qui roule les met hors d’eux; le sprinteur pour eux a du temps à perdre, le basketteur s’ennuie et le conteur n’a vraiment rien à dire. Que dire des marionnettes géantes? Bonnes pour effrayer les enfants. De toutes les façons, ils ont leur motivation. Pour l’heure, « parlons français » et laissons-les s’exprimer librement en une autre langue. Say what?


Abidjan : au secours ! Des « pièces lisses » !

A Abidjan, mieux vaut être démuni de pièces d’argent que d’avoir des « pièces lisses » plein les poches. Et là, je vous parle très franchement ! « Une pièce lisse » c’est pire que la pauvreté.

Quand vous êtes sans argent, au moins vous savez clairement que vous n’en avez pas. Il est donc évident que vous ferez tout pour quitter le cercle vicieux de la pauvreté.

Mais souvent, l’Ivoirien sort de chez lui, convaincu qu’il a de l’argent, pourtant, ce qu’il ignore, c’est qu’il reviendra à la maison sans avoir pu dépenser un rond. Les pièces d’argent n’auront pas trouvé preneurs car elles sont « lisses ». Un véritable cauchemar!

Une pièce d’argent lisse, pire que la pauvreté

Imaginons. Vous vous retrouvez dans un taxi, disons d’Abidjan, avec deux pièces de 250 francs et une de cent francs CFA. Jusque-là vous êtes heureux de vous déplacer en voiture. Au moment de payer le transport, vous tendez, toujours aussi heureux, vos pièces au chauffeur et il vous rétorque sec : «Non! La pièce-là est lisse, ils ne vont pas prendre ». Et là commencent vos ennuis. Le conducteur exige que vous le payiez mais il refuse votre argent (?). Comment faire? Eh bien, trouvez d’autres pièces d’argent, des pièces « irréprochables ». Et si vous n’avez que ces pièces « lisses »? Alors, bandez vos muscles parce que l’atmosphère va très vite être surchauffée.

Les pièces de 250 francs CFA, sans doute effrayées par la tournure des événements, ont préféré se mettre à l’abri. On n’en trouve plus, comme si elles s’étaient évaporées! Ces pièces ont tellement effrayé les Ivoiriens que je suis sûr que ces derniers doivent se réjouir de cette « absence monétaire ». La pièce de 250 francs faisait plus peur que l’Ebola ! Le fait d’en posséder était devenu un véritable crime. Quand vous la sortez, les regards se tournent vers vous comme si vous demandiez à un Imam d’aller vous confesser à l’église !

Quand les Ivoiriens ont fini d’assassiner la pièce de 250, ils ont jeté leur dévolu sur sa sœur cadette, la pièce de 200. Mais, celle-ci semble avoir la peau dure car jusque-là, elle respire. Mais faites très attention, lorsque vous tendez une pièce de 200 à un commerçant, il peut passer 5 minutes à la tourner et retourner, recherchant une quelconque anomalie. Il ne manque plus qu’une loupe et une blouse et on se retrouve de plein pieds dans “Les Experts Miami’’.

Et il faut croire que la malédiction suit son cours le long de l’arbre généalogique des pièces de monnaie : voilà que ce sont maintenant les pièces de 100 francs qui sont vilipendées. Ouvrez bien l’œil, il y en a des lisses. Evitez-les comme vous pouvez !