Richard Konan

Un livre acheté sur un coup de tête

Le livre dont je vous parle ce mois, je l’ai acquis lors de l’édition 2018 du Salon international du livre d’Abidjan (SILA). J’étais rédacteur pour un site d’informations générales et j’ai été désigné pour la couverture médiatique de cet important rendez-vous du livre.

Le SILA ou la promotion du livre

À l’édition 2018 du Salon international du livre d’Abidjan, les maisons d’édition avaient décidé de faire du déstockage. Je vous explique. Elles proposaient des livres à moindre coût. Les prix étaient vraiment étudiés et c’était le moment de profiter pour renouveler mon temple du livre. L’occasion était belle pour enrichir ma modeste bibliothèque.

Entre deux conférences prononcées par des professionnels du livre, je fonce dans la salle d’exposition ou de vente pour « faire le marché ». Je plonge mon regard dans les stands à la recherche de la nourriture intellectuelle. Un moment, un livre dont la couverture est dominée par la couleur bleue attire mon attention.

L’amoureux des mots s’approche de l’objet, le saisit puis le porte devant les yeux. Un masque, un canari se fondent dans l’univers bleu qui fait office de couverture. Gagné-gagné Perdu-Perdu. Tel est le titre inscrit sur la couverture. Cela ne me dit rien. Le nom de l’auteure non plus : Niantié Lou Goley . Sans savoir pourquoi je décide de me procurer cette œuvre littéraire.

Bonne lecture…

À la découverte de Nantié Lou Goley

Dans le langage courant ivoirien, l’expression Gagné-Gagné Perdu-Perdu fait référence à une prise de risque face à une situation. Quand chez nous, on dit, « c’est gagné-gagné perdu-perdu », cela signifie simplement que soit on gagne soit on perd. J’ai donc pris le risque de repartir avec le livre en question. Rassurez-vous, je n’ai pas perdu.

La simplicité du langage avec laquelle Niantié Lou Goley nous transporte dans ses mondes m’a séduit. Gagné-Gagné Perdu-perdu, ce recueil de nouvelles, a le mérite de faire voyager le lecteur d’un univers à un autre sans que ce dernier ne s’aperçoive du changement de décor.

L’écrivaine jette un profond regard sur la société. Ainsi, dans « Au commencement », elle nous livre sa version de l’histoire d’Adam et Eve, tandis que les correspondances entre Séverin et Didier nous présente deux visions différentes de la vie, qui en réalité se rejoignent grâce à leurs divergences.

En outre, Niantié Lou Goley interpelle les lecteurs face à la menace que représente la cupidité ou la recherche avide de l’argent. Le message se trouve dans Gagné-gagné Perdu-perdu, qui donne son nom à l’oeuvre.

Ce livre de plus de 250 pages, acheté sur un coup de tête, m’a parlé dans un langage propre à ceux qui aiment observer la vie depuis leur fenêtre. Pour tout vous dire, j’ai adoré parcourir les lignes écrites par cette native d’Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire.

« ‎ Lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre », aimait à dire Michel de Montaigne. Pour Jacques-Henri Bernadin de Saint-Pierre, « un bon livre est un bon ami ». Je partage l’avis d’Alphonse de Lamartine qui soutient que « toutes les grandes lectures sont une date dans l’existence ».


La couleur des franc-maçons

La couleur des franc-maçons… Ce billet m’a été inspiré par le client d’un restaurant où j’ai l’habitude de manger entre midi et deux. J’ai tellement été surpris par les propos débités par ce compagnon d’un jour qu’il me fallait les coucher sur du papier sur l’écran de mon ordinateur.

Après plusieurs heures de boulot, il est bien normal que je marque une pause afin de donner à mon estomac tous les droits qui lui reviennent. Au moment où je m’apprête à abandonner l’ordinateur, chaise confortable (Qu’est-ce que vous croyez ? Mon bureau est bien équipé.), articles de presse, un collègue me demande de l’attendre.

Je crois que dans chaque entreprise, il y a toujours un collègue doté d’un véritable talent pour retarder les autres. Figurez-vous qu’alors que je me préoccupe à donner à mon estomac ce qu’il veut, ce cher collègue me lance : « Attends-moi hein ! On mange ensemble ce midi« . Comme s’il avait pour cynique intention de me laisser dévorer par la faim qui me tenaillait, ce collègue ne s’empressait pas de me rejoindre au portail. Finalement, au bout de plusieurs minutes d’attente, le voici pointant son nez avec un sourire dont le mérite était de m’énerver davantage.

La franc-maçonnerie, c’est quoi au juste?

Les franc-maçons dans un restaurant ?

Mon fameux collègue n’a pas réussi à m’ôter la faim qui me tenaillait. Malgré sa lenteur, nous sommes enfin au restaurant qui grouille déjà de monde. Comme si le sort avait décidé de s’acharner sur moi, les serveuses du restaurant m’ignorent complètement. Rassurez-vous, je ne mange pas à crédit. « Ma chérie, je peux avoir un plat de riz accompagné de la sauce graine. ». Elle me jette un regard qui en dit long et disparaît.

Finalement, un plat atterrit devant moi. Je le contemple. Le parcours de combattant est digne de RAMBO I (je n’exagère pas hein.). Au moment où je me prépare à me lancer sur ce fameux plat, un autre client me déconcentre.

Un gobelet m’a inspiré ce billet.

« Madame, donnez-moi un gobelet ! « , hurle-t-il. Il a sûrement plus de poids que moi. À peine a-t-il ouvert la bouche que son ordre a été exécuté. L’une des filles lui apporte un gobelet rouge. Elle tourne le dos.

Le client la rappelle avec force. « Change-moi ce gobelet. Le rouge, c’est la couleur des franc-maçons. Ils l’utilisent pour faire leurs cérémonies-là », ordonne-t-il. Surpris, tous les clients jettent discrètement un coup d’œil sur leurs godets. Le mien est de couleur jaune.

D’où sort-il ? Comment sait-il que les franc-maçons préfèrent le rouge. Tête baissée, j’ai fait honneur à mon repas. Au moins j’ai quitté le restaurant en apprenant que « le rouge, c’est la couleur des franc-maçons ». En plus, sans débourser un sou.


Avril, ce mois où le mensonge est autorisé !

Ah nous sommes en avril ! J’adore ce mois parce que le mensonge est « légalisé ». On peut mentir tranquillement et s’écrier cinq minutes après « POISSON D’AVRIL »!


Climackathon 2018 : tous d’accord pour sauver le climat 

Le Climackathon 2018 a connu son apothéose le vendredi 28 septembre 2018. Journalistes, spécialistes, blogueurs, acteurs de la société civile se sont donné rendez-vous pour parler du climat. Ils ont échangé autour du thème « La Côte d’Ivoire face au changement climatique, état des lieux et solutions ».

Climackaton 2018 : Une réflexion sur le climat

L’Agence française de développement (AFD), initiatrice du Climackathon, se réjouit d’avoir permis la réflexion sur le climat. Emmanuel Debroise, directeur de l’agence d’Abidjan, a indiqué que « la gestion du climat est intervenue très tôt dans la stratégie » de son institution. Il a encouragé le débat public sur le climat en Côte d’Ivoire.

E. Debroise: « Tous les projets financés par le Groupe soient cohérents avec un développement de long terme bas-carbone »

Le témoignage émouvant de Michel Segui

Le témoignage émouvant de Michel Segui à propos des impacts du réchauffement climatique sur le village de Lahou Kpanda a montré l’impact du climat sur notre environnement.

Le président de la Société coopérative des artisans pêcheurs de Grand-Lahou a dressé un sombre tableau de la situation dans sa région.

« Nous sommes surpris par les houleuses marées, car elles sont fréquentes et sporadiques toute l’année », a-t-il révélé. Il a pointé du doigt la disparition de quatre pêcheurs en 2016.

C’est avec de la tristesse dans la voix que Michel Segui a annoncé que « Lahou-Kpanda est menacé de disparition par l’embouchure non endiguée qui ronge quarante mètres de terre chaque année ».

Michel Segui a attiré l’attention sur le danger qui guette Lahou-Kpanda

Un panel a réuni des spécialistes autour du thème « s’adapter, atténuer: quelles solutions? ». Il était question de l’adaptation de l’agriculture ivoirienne au changement climatique, de la gestion d’alerte précoce et du transport vert. Les échanges ont aussi porté sur la sensibilisation par les médias, la préservation des forêts et réduction des émissions de CO2 et la mise en oeuvre de la stratégie REDD+.

Par ailleurs,  les panélistes ont fait ressortir l’urgence de sauver le climat. Cela s’est fortement ressenti au cours des échanges avec les participants.

La seconde édition du Climackathon avait pour thème « La Côte d’Ivoire face aux changements climatiques, Etat des lieux et solutions ».  Elle a posé les jalons du débat sur le climat. Le plus important est que les discussions se poursuivent au-delà de cet événement.


Le changement climatique en cinq citations

Abidjan accueille la seconde édition du Climackathon du 27 au 28 septembre 2018. Je sais, vous allez me dire que c’est une belle initiative. Oui, en fait c’est même une très bonne initiative (nos vies sont liées au changement climatique, figurez-vous).

Mais nous ne sommes pas les premiers (et sûrement pas les derniers) à nous y intéresser. Bien avant, il y a eu des personnalités, et non des moindres, qui ont jeté un regard ou formulé une pensée sur le changement climatique.

Ce billet, tel un prisme, a pour objectif de vous faire découvrir le changement climatique sous plusieurs angles. Pour m’aider dans cette tâche, j’ai fait appel à des citations de quelques personnalités.

Selon le dictionnaire en ligne Wikipedia, le changement climatique, ou dérèglement climatique, correspond à une modification durable (de la décennie au million d’années) des paramètres statistiques (paramètres moyens, variabilité) du climat global de la Terre ou de ses divers climats régionaux.

Ban Ki Moon, ancien secrétaire général de l’ONU, pense que « le changement  climatique s’est produit à cause du comportement humain, donc il est naturel que ça soit, aux êtres humains, de résoudre ce problème. Il se peut qu’il ne soit pas trop tard si nous prenons des mesures décisives aujourd’hui ».

Barack Obama appelle à une action d’urgence (crédit ph: Christopher Dilts )

Changement climatique, un véritable défi

Le problème du changement climatique peut être résolu selon Ban Ki Moon. Les humains ont intérêt à réfléchir à une solution rapide car, comme dit le Pape François, « le changement climatique… constitue l’un des principaux défis actuels pour l’humanité. »

Il faut faire  vite! C’est aussi le conseil que nous donne John Kerry, ex-secrétaire d’État des Etats-Unis, car « le changement climatique est réel. La science en est convaincue. Et plus nous attendons, plus le problème sera dur à résoudre ».

Surtout, il ne faudrait pas nier l’existence de ce phénomène. Barack Obama prévient : « Nos enfants n’auront pas le temps de débattre des changements climatiques. Ils devront vivre avec les effets. De simplement nier le problème trahit l’esprit de notre pays. »

Les pays africains font face au problème du climat. Jacob Zuma, précédemment président de l’Afrique du Sud, n’a pas manqué de le souligner lors du sommet de Copenhague en 2009.

« c’est une question concrète pour les pays en développement (crédit ph: GovernmentZA)

« Le changement climatique est une question concrète pour les pays en développement, notamment l’Afrique. Pour des pays comme l’Afrique du Sud, les phénomènes climatiques ont déjà eu des conséquences dévastatrices pour les habitants des provinces côtières ; ce problème est donc une réalité à laquelle nous faisons déjà face… », a dit l’ancien chef d’État.

Il est à souhaiter que la deuxième édition du Climackathon apporte des réponses concrètes à cet épineux problème que constitue le problème du climat. Alors chers spécialistes de l’environnement, journalistes, blogueurs…vos contributions sont très attendues.


Au secours! Mon caniveau se « plein »

 Au moment où la seconde édition du Climackathon se tient à Abidjan du 27 au 28 septembre 2018, mes pensées se dirigent tout droit vers un caniveau qui meurt sous les regards indifférents des passants.

A son arrivée quelque part à Abobo (commune d’Abidjan), le caniveau en question faisait notre fierté. « Voilà, maintenant l’eau va couler jusqu’à dans le gros trou qui est là-bas », se réjouissait une ménagère dans un vocabulaire approximatif.

Pauvre caniveau !

Cette brave dame était convaincue qu’avec l’arrivée de ce caniveau, l’eau de ruissellement coulerait doucement vers un lieu propice. D’ailleurs, elle n’était pas la seule à nourrir un tel espoir. Les habitants du quartier se laisser aller à rêver d’un environnement sain.

Ce pauvre caniveau subit les assauts des humains (crédit ph: Richard Konan)

Si seulement ces braves gens savaient qu’ils seraient témoins d’un « crime contre la nature » que la Cour pénale internationale n’oserait juger. Mon caniveau, jadis réservé à l’eau, est aujourd’hui un vrai dépotoir. Ce caniveau dont les louanges ont été chantées par les habitants du quartier se « plein ». Il n’est plus que l’ombre de lui-même.

Pluies, papiers, sable…

Plein de boues, papiers, sable et plusieurs immondices, le caniveau se plaint. Apparemment, nul ne semble entendre ses complaintes. Au contraire, sa douleur fait sourire certains passants qui laissent volontiers un bout de papier ou un sachet d’eau. Sans doute un souvenir de leur présence. Quel paysage désolant!

Le plus triste c’est que l’avenir de ce cher caniveau est un sombre tableau. Plus rien ne sera comme avant! Si seulement nous pouvions mesurer les conséquences du « décès » de ce caniveau sur l’environnement. En Côte d’Ivoire, chaque année la saison des pluies endeuille des familles.

Dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 juin 2018, les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la ville d’Abidjan ont fait 19 morts. Le pays était choqué, les autorités ivoiriennes sont montées au créneau en prenant des mesures vigoureuses, les populations se sont indignées.

Mais on oublie ce qu’on fait à ce pauvre passage prévu pour l’eau ! Déverser des ordures, des ordures et encore des ordures. Où diantre voulons-nous que l’eau de ruissellement…ruisselle ! On prend un malin plaisir à boucher toutes les canalisations.

Encore un autre désastre (crédit photo: Richard Konan)

Notre « ami » se « plein » dans l’indifférence totale. Ses larmes de tristesse emportent des vies. A l’occasion de la seconde édition du Climackathon, à Abidjan, souvenons-nous de mon caniveau!


Climackathon 2018 : on pense climat à Abidjan!

Parlons climat. Selon le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances, Amadou Koné, la Côte d’Ivoire figure à la classée 147ème position (sur 178) parmi les plus vulnérables au changement climatique.

Ceci pour dire qu’il faut vraiment tirer la sonnette d’alarme. Alerter et informer. Telle est la noble mission du Climackathon qui aura lieu fin septembre à Abidjan.

On parle climat à Abidjan, sous l’impulsion de l’Agence française de développement.

Placée sous le thème «La Côte d’Ivoire face aux changements climatiques – Etat des lieux et solutions», la seconde édition de Climackathon réunira experts, journalistes, influenceurs et éco-citoyens. Leur mission : faire l’état des lieux du changement climatique. Ils feront le point sur les conséquences de ce changement climatique au niveau local mais aussi présenter les avancées et les acquis locaux. Bref, susciter la réflexion et lancer le débat sur la question de l’évolution du climat.

La journée du 27 septembre sera consacrée aux productions et aux publications de journalistes et de blogueurs sur le sujet. Elles seront publiées et donc accessibles sur le site https://www.climackathon.org.

Le 28 septembre, on aura droit à un panel sur le thème : S’adapter, atténuer : quelles solutions ?, avec des témoignages et des discussions.

A travers cette seconde édition de Climackathon, l’Agence française de développement (AFD) veut accompagner la Côte d’Ivoire vers une croissance durable et inclusive.

Et ce, à l’aide de subventions, prêts à l’Etat et aux entreprises publiques, garanties aux banques, assistance technique et dialogue stratégique.

Le changement climatique, un sujet majeur, qui mérite donc toute notre attention.

Rendez-vous à Abidjan pour le Climackathon 2018 ? Venez nombreux !


Ce vocabulaire si propre à l’Ivoirien

Savez-vous qu’il existe un vocabulaire ivoirien ? Je suis originaire de la Côte d’Ivoire, pays situé en Afrique de l’Ouest. En écrivant ce billet, mon intention n’est pas de vous conter l’histoire de cet Etat de 322 462 km2 (peut être une autre fois, sait-on jamais). Je voudrais plutôt vous promener à travers le vocabulaire propre à ce pays.

L’étranger francophone qui débarque en Côte d’Ivoire aura fort à faire avec cette manière de parler des Ivoiriens que j’appelle « l’ivoirien ». Il lui faudra un interprète… ivoirien. Pour comprendre le vocabulaire ivoirien. En fait, vous avez beau être Français de France, vous ne comprendrez pas forcément le français parlé sur les bords de la lagune Ebrié. Quoi vous en doutez? Lisez ce qui suit.

L’Ivoirien et son parler particulier

En Côte d’Ivoire, une causerie entre deux amis. Quand vous entendez l’un dire « bon » et l’autre répondre « bon », c’est qu’ils sont sur le point de se dire au revoir. Voici quelques expressions en « ivoirien ».

On dit quoi?: manière très singulière de saluer

Etre dans pain: avoir des difficultés

Si mon argent tombe: si j’ai une entrée d’argent

Se défendre: se débrouiller pour vivre

Gagner temps: partir

Se laisser: régler une affaire au plus vite

« Manger son piment dans la bouche de quelqu’un »: pousser une personne à dire quelque chose de pas gentil.

Tu es dans quoi?: que fais-tu (lorsqu’une personne met du temps à exécuter une quelconque action)

Ce vocabulaire se retrouve dans tous les domaines de la vie. Un élève qui n’a pas cours vous dira « y’a pas école chez nous », quand il est en congé, c’est plutôt « on nous a laissés » (cela traduit parfaitement le côté contraignant de l’école, n’est-ce pas?).

Je parie que dans votre entourage, il y’a un individu super intelligent. Ici, on dira qu’il est « trop esprit ». Et si jamais je dois vous recommander un endroit chic pour vos vacances à Abidjan, je vous dirai que cet endroit « ne ment pas », c’est-à-dire qu’il a des services de bonnes qualités.

Le charme c’est que ce langage typique aux Ivoiriens s’enrichit à la moindre occasion. Surtout ne me demandez pas qui valide ces expressions avant leur utilisation. Bon je crois que, moi, je vais « gagner temps ».


Mondial 2018 : Egypte-Uruguay, coup d’envoi pour les Africains

Le coup d’envoi du Mondial 2018 a été donné jeudi 14 juin, mais nous Africains n’avons pas encore débuté notre « mondial ». Sur le continent qui a vu naître et mourir Nelson Mandela (clin d’œil à l’Afrique du Sud, seul pays du continent à avoir organisé une Coupe du monde), le ballon s’est mis à rouler quand le premier représentant africain est entré en lice, c’est-à-dire aujourd’hui face à l’Uruguay. Place à l’Egypte !

Oui on le sait, la Russie a démarré en trombe : 5-0 face à l’Arabie Saoudite. Normal, c’est « sa » Coupe du monde. Mais comme on dit à Abidjan, « à l’heure-là, c’est Egypte qui est bon ! »

Entre l’Uruguay et l’Afrique, il y a un air de revanche (sans rancune hein). Souvenez-vous du quart de finale qui a opposé Ghanéens et Uruguayens en 2010, et aussi du penalty manqué par Asamoah Gyan. Je pense que nos amis de l’Uruguay l’ont un peu senti.

Mondial 2018 : Que peut l’Afrique ?

Fernando Muslera, gardien de l’Uruguay, l’a confié à France Football. « Nous ne pensons pas être les grands favoris […] Rien n’est défini avant les 90 minutes du match», a dit le dernier rempart de la « Celeste ». Il l’a dit,  «rien n’est défini. »

Les Pharaons d’Egypte sont un peu comme les éclaireurs du continent africain. La raison est toute simple : Mohamed Salah et ses « frères » ont la lourde mission de donner le ton pour l’Afrique.

D’après le site Africatopsports.com, l’Egypte est logée dans une poule « largement à sa portée ». Oui, les gars y croient dur comme fer. Ils pourraient avoir raison ! Les Pharaons ont tout de même remporté sept fois la Coupe d’Afrique des nations. Ça pourrait faire peur à leurs adversaires.

Pour le Mondial 2018, le journal ivoirien Le Jour Plus partage l’optimisme d’Africatopsports. Sous la plume d’André Haba, ce quotidien nous rappelle que «l es Pharaons ont obtenu leur ticket avec autorité, en éliminant le Ghana, un habitué des derniers mondiaux ». Le média prend le soin de mettre en lumière Mohamed Salah, la pépite égyptienne. Le joueur de Liverpool porte l’espoir du peuple égyptien et celui de tout un continent qui rêve de franchir le cap des quarts de finale. Eh oui ! Aucune nation africaine n’a réussi à atteindre la demi-finale de coupe du monde. Ah ce rêve-là. On a l’impression qu’il nous file entre les doigts quand on est à deux pas de le réaliser.

Mohamed Salah, absent ou pas ?

Sur la présence de Salah au Mondial 2018, blessé au cours de la finale de la Ligue des champions face au Real Madrid, le site Sportsivoire.ci se lance dans la comparaison. « En 2010, en préparation de la coupe du monde en Afrique du Sud, l’attaquant ivoirien Didier Drogba, grièvement blessé en amical face au Japon, fut incertain pour la compétition. La première organisée sur le continent. Finalement présent dans la liste de Sven Goràn Erikson, Drogba, le bras dans un plâtre, avait évolué diminué durant tout le mondial. Pour l’entrée en lice des Éléphants, l’ex-capitaine n’avait pas débuté la partie face au Portugal », écrit le média en ligne.

Au Sénégal, igfm.sn prévient : si Mohamed Salah joue, « gare aux chocs ». On est aussi un peu inquiet pour la star de Liverpool. « Dans quel état sera Mohamed Salah ? C’est la question que se posent les fans de foot du monde entier depuis le 26 mai et la finale de la Ligue des champions lorsque le crack de Liverpool, nouvelle star du foot mondial, s’est blessé à l’épaule gauche, pris en tenaille par Sergio Ramos », s’interroge le site.

Au final, Salah a commencé le match sur le banc. Reste à savoir si les Pharaons pourront tenir le choc sans leur star… La rencontre Egypte-Uruguay compte beaucoup pour les Africains. La première sortie des Pharaons est peu comme un ballon d’essai lancé par tout un continent. C’est un match à suivre en famille, au bureau (gare à l’arrivée du patron), au restaurant (tenez compte de l’addition). L’Afrique espère, pour cette fois, franchir le cap des quarts de finale. On ne sait jamais, Vladmir Poutine et les siens pourraient porter chance aux cinq représentants du continent.


Souvenir de la classe de 6ème

« Quand la mémoire va chercher du bois mort, elle ramène le fagot qui lui plaît », disait l’écrivain et poète Birago Diop.

J’ai eu envie de partager avec vous ce billet tout en laissant libre cours à ma mémoire de retourner dans mes années collèges et ramener « le fagot qui lui plaît ».

Le moment qui nage immédiatement dans l’océan de mes souvenirs est le premier jour de l’année scolaire. Je venais d’être orienté au collège moderne Nangui Abrogoua d’Adjamé en classe de 6ème. Pour rallier la maison et mon nouveau temple du savoir, je devais emprunter un bus de la Société des transports abidjanais (SOTRA). Il me fallait monter à bord de l’autobus numéro 08, assurant la ligne Abobo-Adjamé (deux communes de la ville d’Abidjan).

Élève cherche école ! 

Imaginez un élève d’un peu plus de dix ans n’étant presque jamais sorti de son Abobo natal, tout seul pour son premier jour d’école. Je n’ai pas eu de mal à m’engouffrer dans l’un des bus arrivé en haletant au terminus. Mais là où les choses se gâteront pour moi, c’est quand j’ai oublié l’arrêt auquel je devais descendre. Avec du recul, cela me paraît étrange de n’avoir pas pu simplement me renseigner. Bref, le mal est déjà fait. Par peur de rater l’arrêt, je décide de descendre au pif. Et là, débute ma galère.

Je me mets à marcher comme un automate jetant le regard ça et là, priant le ciel que le collège moderne Nangui Abrogoua surgisse devant moi. Mais oh non ! Je ne vois que des marchands et des magasins. Le pauvre élève de 6ème se met à transpirer à grosses gouttes. Il marche, marche et marche. A un moment, je jette un coup d’œil sur la montre que m’avait offerte mon père. Lui devait se dire que son fils suivait avec attention les premiers cours de la classe de 6ème. S’il savait !

La longue marche vers le savoir

De grosses gouttes de sueur ruisselaient sur mon visage. A cette époque, je ne portais pas de lunettes pharmaceutiques alors, ces fameuses grosses gouttes empruntaient directement le chemin menant à mes yeux. Le chemin vers le savoir était aussi jalonné de rayons de soleil ? Il était déjà 8 heures. J’avais cours à 7 heures 15 si ma mémoire ne me trahit pas. Tout en longeant le boulevard Nangui Abrogoua, je jetais des regards en quête de mon école. Les minutes se sont écoulées et le temps est passé. Toujours pas d’école. Mon uniforme kaki, bien repassé par le blanchisseur de mon quartier, souffrait le martyre, malmené par la sueur. Quel calvaire !

J’ai débarqué au collège moderne Nangui Abrogoua après 9 heures. Comment ? N’en pouvant plus, le jeune élève s’est adressé à un monsieur assis devant un magasin. Ce gentil monsieur a mandaté l’un de ses vendeurs pour m’accompagner et me montrer le chemin.

Quand je suis arrivé dans mon nouvel établissement, précisément à la salle 9, madame … (ma prof de français) était en plein cours. J’étais tout en sueur. Surprise, elle m’a demandé: « tu es de la classe ? » J’ai respiré un grand coup avant de répondre « oui, madame ». Ma réponse fait rire des élèves. Un regard de la prof a vite fait d’imposer rapidement le silence.

En souvenir de tous les élèves de la 6ème 9 avec qui j’ai passé d’agréables années.